C’est en 1979 au dojo Zen de la rue Pernety à Paris que je fis ma première rencontre avec Maître Deshimaru et le Zen. Ce premier contact avec l’immobilité de la posture, l’atmosphère silencieuse du dojo et l’enseignement de Maître Deshimaru, donné dans un ‘zenglish’ saisissant, me laissèrent une forte impression. Je sus que j’allais suivre cette Voie.
À l’automne de la même année, j’émigre définitivement au Québec (ou j’avais déjà vécu 2 ans comme coopérant en 1973-74) et participe à la fondation de l’actuel Dojo Zen de Montréal sur la rue Gilford.
J’ai reçu l’ordination de Boddhisatva de Maître Deshimaru lors de sa visite au Québec en octobre 1980, puis de celle de moine à l’été 1985 à la Gendronnière.
L’absence d’anciens disciples de Maître Deshimaru à cette époque au Québec m’a conduit à assumer très tôt différentes responsabilités au Dojo de Montréal. J’en suis aujourd’hui le trésorier.
Bien qu’ayant toujours ancré ma foi dans la PRATIQUE de zazen, mon cheminement spirituel fut profondément marqué par ma rencontre avec Mata Amritanandamayi (Mahatma d’origine indienne) en juillet 2001 au Rhodes Island (USA).
Plus que jamais, Amma est aujourd’hui pour moi un guide et une source d’inspiration et je la remercie chaque matin pour la grâce qui m’est donnée de participer avec la pratique de ZaZen au mystère de l’existence.
Vieillir
Avec zazen, avec la répétition de la pratique d’Hishiryo, petit à petit, la Conscience devient plus vaste.
En même temps, les sensations et les sentiments aussi s’approfondissent.
On devient plus sensible aux vibrations du monde et on s’émerveille de son infinie diversité et de sa beauté.
Abandonnant la recherche de la vérité, on sourit au mystère de l’équilibre de l’univers.
Le Soleil, les arbres, les fleurs, les oiseaux, les cris d’enfants nous traversent avec enchantement.
Lorsqu’on compte le temps qu’il reste à vivre, on accueille plus facilement les changements.
Avec l’âge, l’inévitable bilan nous oblige à réinterpréter nos vies, à en chercher le fil conducteur, à en peser les réussites et les blessures, les moments-charnière.
Notre karma s’éclaire d’un jour nouveau et on réalise que pour atteindre notre âge, on a été protégé, guidé, béni.
Les épreuves s’effacent derrière les souvenirs heureux qui reviennent dans la douceur des jours.
Il reste à transmettre à ceux qui restent ce qui mérite de l’être.
Hubert Reeves écrit :
« Poussière d’étoiles, fils de la Terre et du Ciel,nous sommes issus de cette fureur de vivre qui pousse l’énergie cosmique à s’organiser, à vivre et à penser.
Nous ne naissons pas, car nous avons toujours été:
nous apparaissons, comme l’herbe au printemps.
Nous ne mourrons pas, car nous renaîtrons toujours:
nous disparaissons, comme les feuilles en automne.
Nous sommes faits de l’énergie en mouvement de cet univers.
Nous en sommes la substance et participons à son expansion.
Nous jaillissons dans l’infini du cosmos comme des éclairs dans le ciel.
Entre l’hiver infini où nous n’étions pas et l’hiver infini où nous ne serons plus, nous vivons le temps d’un printemps, d’un été et d’un automne éphémères. »
Étoiles filantes, la trace de nos œuvres durera un bref moment, comme les enfants nés de nos amours.
Mais l’instant d’une vie, nous sommes la Conscience de l’Univers.
Les dieux, les récits et les philosophies qu’on a inventés pour le dire ne valent pas un coucher de soleil, un tronc meurtri toujours vivant, la naissance d’un animal ou d’un enfant, le dévouement d’une mère ou le courage d’un peuple.
La beauté du monde est la réponse à tout, et mourir n’est que la fin d’un beau jour.
Pendant des milliers d’années, les amérindiens ont vécu en harmonie avec les plantes et les animaux de cette terre.
En moins de 100 ans, nous avons détruits animaux, forêts et océans. Puissions-nous, avec zazen, en transmettre la conscience aux futures générations…