Enseignements

Ici et Maintenant zazen !

Extrait d’un kusen donné à la session de Portneuf par Michel GoShin Ménard
Août 2021

 

Ici et Maintenant zazen ! shikantaza. Seulement s’asseoir, simplement s’asseoir, totalement s’asseoir. Suzuki Roshi avait plusieurs façons de l’exprimer : – vivre chaque instant du temps (et on sait que chaque seconde en contient plusieurs) ou encore : expirer complètement, se fondre dans la vacuité.

En fait, shikantaza pointe toujours vers « ceci » et non « cela »; vers ce qui se passe immédiatement, maintenant, avant même que nous puissions l’analyser et le nommer. Vers la réalité vivante de chaque moment, de chaque rencontre.

Et dans cette infinie intimité de rencontres avec nous-même, « vivre chaque instant » revient à nous exprimer pleinement, à nous révéler tel que nous sommes.

Shikantaza, c’est nous libérer de l’esprit du singe et nous rendre réels.  

Shikantaza, notre zazen, dit Shunryu Suzuki, c’est juste être soi-même. Quand on attend rien, quand on renonce à nos intentions personnelles, quand on vit chaque instant comme le dernier, on peut être soi-même. C’est notre Voie. 

Dans chaque inspiration, dans chaque expiration, il y a d’innombrables instants. Notre refuge et notre aspiration est de vivre pleinement chacun d’eux. C’est comme les grands vœux de bodhisattva que nous prononçons, que nous nous efforçons de pratiquer.

Expirez longuement, doucement. La tranquillité de l’esprit se trouve à la fin de l’expiration. Expirer complètement, c’est s’oublier soi-même, c’est se fondre dans la vacuité. La vacuité, c’est la page blanche, vierge.  Et votre inspiration part de là. Un sang renouvelé par cet apport d’air irrigue notre corps, le revivifie. 

Il est dit que l’esprit zen est l’esprit neuf, c’est à dire l’esprit qui ne repose sur rien, qui ne laisse pas de trace. Comme ce si beau poème de l’oiseau aquatique qui à la fois ne perd pas son chemin et ne laisse pas de trace.

Le point important, précise Shunryu, c’est notre expiration. Au lieu de chercher à revenir à nous-même en inspirant, disparaissez dans la vacuité en expirant.

Lorsque l’inspiration nous préoccupe plus que l’expiration, nous sommes plus irritables, plus anxieux, plus apeurés. On s’agrippe sans relâche à la vie, on se démène. 

Pour nous, la joie suprême est d’expirer plutôt que d’inspirer. C’est prendre refuge là où réside la demeure de Bouddha.